Thursday, July 10, 2008

















Plus arabe que les Arabes ?


« C’est à l’instigation du Libanais que le dirigeant français a décidé de miser sur un jeune ophtalmologue… ». Rafic Hariri (qui n’est plus là pour le regretter), Jacques Chirac (qui fait tout pour se venger de la trahison du « lionceau ») et Bachar Assad en apprenti tyran . Il y a comme ça des périphrases faciles a décoder et vraiment « assassines » glanées dans le Chirac d’Arabie* signé par Eric Aeschimann et Christophe Boltanski. Effectivement, les deux journalistes spécialisés du quotidien français Libération, veulent nous convaincre que s’il y a une « politique arabe » de la France (concept gaullien apparemment mythique selon Roland Dumas qui n’y voyait qu’une « succession d’illusions »…), les choix de l’actuel président français se sont faits au gré des affinités personnelles, sont plutôt « indexés » sur les hommes que sur les principes.

La récapitulation couvre une longue période de temps et a vu la grande majorité de ces « amis » arabes partir. Ministre, maire de Paris, premier ministre et président de la République, Chirac dessine avec ses choix au Moyen Orient une instabilité qui « donne le tournis ». Le dernier revirement est peut être le plus significatif : après l’opposition française a la guerre américaine en Irak (et le plaidoyer historique de Dominique de Villepin aux Nations Unies) qui fait monter sa popularité en France et surtout dans le monde arabe ou Alger lui réserve un accueil royal, le voici réconcilie avec l’administration Bush a partir du dossier… libanais, « un petit territoire dont il suit les convulsions a la loupe… Un pays qui se révèle être l’ultime ressort de sa politique au Proche Orient ».

D’autres noms émergent, en plus de « l’ami Hariri » : Hassan II du Maroc (l’idylle avec le souverain alaouite tournera a la querelle de ménage avec son fils Mohammed VI), Saddam Hussein (argent, affaires et… sympathie réciproque), Yasser Arafat qui sera promu sur le tard au nombre des élus du cœur après une longue période de mépris…

A n’en pas douter, Chirac est fascine par le monde arabe qui lui a souvent servi de refuge loin de Paris : la bas, on lui raconte « des histoires de larmes et de sang autrement plus poignantes et dramatiques que les éternelles petites bassesses et grandes manœuvres du RPR » . Pourtant le profil qui se dessine est loin de rappeler l’auteur des « Sept piliers de la sagesse ». Nous sommes face a un « attrape-tout, un marsupilami qui retombe toujours sur ses pattes » plutôt qu’un visionnaire a la T.E. Lawrence qui essaie de rallier désert et modernité. Girouette il l’etait sur la plupart des sujets, sauf une fois de plus sur le Pays du Cèdre ou il témoigne d’une « constance surprenante ».

Tout est redit depuis la libération obscure des otages français au Liban entre deux tours des élections françaises en mai 1988 jusqu’au « Do you want me to go back to my plane ? » crie a la face des militaires israéliens dans les ruelles de la vieille ville de Jérusalem. Le style est alerte, la lecture facile est enrichie d’un grand nombre d’anecdotes et surtout de témoignages émanant des principaux acteurs qui se sont relayes sur le dossier autour de Chirac et qui donnent plus que jamais a la politique extérieure d’un pays comme la France sa dimension « humaine ».

S’il faut mettre a distance les rapports franco-arabes, force est de constater qu’il est bien difficile pour un président français d’avoir une véritable politique arabe alors qu’il est de notoriété publique que les dirigeants arabes n’en ont pas une, excepte peut-être sur la nécessite de préserver le droit des Palestiniens a un Etat indépendant dans les territoires occupes par Israël. La conclusion n’en est que plus amère : les dirigeants arabes neutres en apparence face a l’offensive américaine contre l’Irak ont semble a un moment reprocher a la France son opposition excessive au projet de l’administration Bush, ce qui fait dire a un proche du président français : « Chirac a été plus arabe que les arabes ».

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